Numéro |
Rev Orthop Dento Faciale
Volume 44, Numéro 1, Mars 2010
La canine
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Page(s) | 9 - 15 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/odf/2010103 | |
Publié en ligne | 19 mars 2010 |
La canine humaine : évolution et signification adaptative
The human canine: its evolution and its adaptive signification
Collège de France
Adresse de correspondance : P. PICQ, Collège de France, 3, rue
d’Ulm, 75005 Paris. picq.anthrope@wanadoo.fr
La canine est une dent très particulière avec des significations adaptatives très différentes selon les lignées de mammifères, et aussi chez les primates. Quelle que soit la lignée, la canine n’est jamais impliquée dans la mastication et n’interfère pas avec la dynamique masticatoire. La fonction masticatrice est l’une des plus complexes chez les singes ou simiens et, au cours de la phylogenèse comme de l’ontogenèse, elle se met en place bien avant l’apparition de grandes canines. Chez les simiens, leur taille et leur forme ne sont aucunement corrélées avec le régime alimentaire, mais avec des facteurs de sélection sexuelle. La lignée humaine, celle des hominidés, ce caractérise par une diminution de la taille des canines, qui deviennent incisiformes. Elles ont perdu leur fonction sexuelle et sociale et sont utilisées pour déchirer certains aliments, comme la viande. L’ apparition d’une face courte et large donne une amplitude médio-latérale plus importante au cycle masticatoire, ce qui pourrait expliquer cette situation un peu particulière chez les Hominidés, récents, dont l’Homme ou Homo. Cela signifie, d’un point de vue évolutif, que la canine humaine a subi des contraintes imposées par l’environnement biomécanique de l’appareil masticatoire. En d’autre terme, la canine humaine, pas plus que chez les autres singes, n’est pas un guide de la mastication, mais a acquis une morphologie et une position contraintes par les fonctions masticatrices. De ce fait, elle serait ce qu’on appelle dans l’évolution une «exaptation» ; elle aurait acquis, non pas une fonction, mais un caractère passif qui en fait un repère pour la réhabilitation – à condition que son éruption soit en relation avec des fonctions manducatrices normales dans l’histoire des individus, mais aucunement un guide de la mastication.
Abstract
The canine is a tooth with special characterisics and an adaptive signifcation that varies widely in all mammals as well as in the line of primates. But in all species that produce it, canine teeth never particiapte in mastication nor do they ever interfere with masticatory dynamics. Masticatory activity, which is one of the most complex functins in monkeys and other simians over the course of phylogeny as well as ontogeny, begins to function well before the large canine teeth make their appearance in the dental arch. In simians the size and shape of canine teeth are not correlated in any way with the animal’s diet, but instead play a role as one of the factors affecting sexual selection of a mate. In the line of the human members of the hominid family the evolution of the canine tooth is characterized by a decrease in size and a tendency to approach the morphology of incisors. In humans, canines have lost their sexual function and are used to tear apart certain foods like meat. Because of their development of a wide and short buccal surface the canine teeth of hominids including modern man occupy an increased medio-lateral space in the dental arch and thus play a greater role in mastication than they did in earlier primates. This signifies, from an evolutionary standpoint, that the canine has changed in response to constraints imposed by the bio-mechanical environment of the masticatory apparatus.
Mots clés : Canine / Mastication / Évolution
Key words: Canine / Mastication / Evolution
© Revue d’O.D.F. 2010
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