Les extractions de dents saines permanentes en orthopédie dento-faciale : réflexion éthique

Extractions of permanent healthy teeth in dentofacial orthopedics: ethical considerations

¹ Laboratoire d'éthique médicale, de droit de la santé et de santé publique de la faculté de médecine Necker-Enfants-Malades, 156, rue de Vaugirard, 75730 Paris
² Faculté de chirurgie dentaire, 1, place Alexis Ricordeau, 44042 Nantes cedex

Résumé

Les indications d'extractions de dents saines permanentes en orthopédie dento-faciale, font l'objet de controverses entre extractionnistes et non extractionnistes depuis le début du siècle. Le but de ce travail est d'évaluer dans quelle mesure la réflexion éthique peut apporter de nouveaux éléments de réponse à cette problématique.

Un travail de recherche bibliographique nous a permis d'isoler trois événements qui, dans les origines historiques de cette décision médicale, posent un problème d'éthique :

- le postulat selon lequel les extractions dentaires devaient permettre d'éviter les récidives post thérapeutiques, s'est avéré inexact a posteriori ;

- une approche trop parcellaire de l'extrémité céphalique lors de la recherche de l'étiologie des dysmorphoses n'a sans doute pas permis d'appréhender à leur juste valeur les hypothèses sur les bénéfices respiratoires des thérapeutiques alternatives aux extractions, en particulier l'expansion orthopédique précoce maxillo-nasale ;

- l'amélioration des appareils fixés de type Edgewise, en facilitant les déplacements dentaires de grande amplitude nécessaires en particulier pour fermer les espaces d'extractions, a modifié les données de cette décision médicale.

L'enquête que nous avons menée auprès de 58 adultes a révélé que pour 93 % d'entre eux la réduction du capital dentaire liée à ces extractions, constituait un objet important de préoccupation.

Pourtant, pour la majorité des praticiens avec lesquels nous avons eu un entretien, le consentement aux extractions de dents saines ne pose plus les problèmes du passé.

Dans un contexte médiatique, où les extractions tendent à être banalisées, cette préoccupation non formulée au cours de la consultation, pose le problème de la relation patient / praticien.

Abstract

Indications for extractions of permanent healthy teeth in dentofacial orthopedics, have been the subject of controversy between extractionists and non-extractionists since the beginning of the 20^th century. The aim of the present study is to evaluate the ethical reflection on how new elements can bring an answer to those questions.

Bibliographical research has enabled us to isolate three facts which, in the light of the historical origins of this medical decision, pose a problem of ethics:

- the postulate according to which dental extractions were to make it possible to avoid post therapeutic relapses, has proved inaccurate a posteriori;

- a too fragmented approach of the cephalic end at the time of the research of the etiology of the dysmorphoses undoubtedly did not make it possible to apprehend to their full extent the assumptions on the respiratory benefit of the therapeutic alternatives to extractions, in particular early maxillonasal orthopedic expansion;

- the improvement of edgewise appliances by facilitating dental displacements of large amplitude, required in particular to close extraction space, have modified the data of this medical decision;

- the improvement of edgewise appliances by facilitating dental displacements of large amplitude, required in particular to close extraction space, have modified the data of this medical decision.

The investigation we carried out among 58 adults revealed that for 93% of them the reduction of the dental capital related to those extractions was of considerable concern.

However, for the majority of the practitioners interviewed, the consent for extractions of healthy teeth no longer poses the problems we were confronted with in the past.

In a media context, where extractions tend to become commonplace, this concern, not formulated during the consultation, raises the problem of patient / practitioner relationship.